Habiller pour habiller
Rachel Drouin
Fourrure de loup-marin, de mouton et de renard argenté, cuir de plie, laine et miroir
Capuchon : 118 cm x 38 cm
Miroir : 45 cm x 35 cm
Année d’acquisition : 2011
Photo : Yoanis Menge
Description de l’œuvre :
Le mot « habiller » aux Îles laisse plus d’un étrange perplexe, Rachel Drouin la première, même si, en tant que designer textile, elle travaille la fourrure de loup-marin depuis plusieurs années. Les chasseurs disent habiller le loup-marin lorsqu’ils prélèvent sa fourrure mais n’est-ce pas le contraire, ne sont-ils pas en train de le déshabiller?
Nous employons plus communément le mot « habiller » au sens de « couvrir de vêtements », mais il veut également dire « préparer à être utilisé pour ». Rachel s’exclame : « « Si les chasseurs récupéraient les os pour bâtir des maisons par exemple, nous pourrions dire bâtir le loup-marin lorsqu’ils prélèveraient leurs os! » » Elle choisit de travailler à partir du sens le plus connu du mot « habiller ». Elle pourrait par exemple créer un habit pour loup-marin avec de la fourrure de loup-marin… ou habiller toutes sortes de choses, un mur, un divan, un plancher… Elle décide plutôt de créer une œuvre qui donne le goût aux spectateurs de s’habiller, une œuvre qui devra être portée pour être vue.
Comme le mot « habiller » est utilisé aux Îles autant pour les animaux de boucherie, les poissons et le gibier, elle travaille la luxuriance de la fourrure et du cuir : cuir de plie, fourrure de loup-main, de mouton et de renard argenté.
Source : Beausir les mots, Art-abécédaire du français parlé aux Îles-de-la Madeleine, éditions La Morue verte, 2011.