Alphiya Joncas

Arts visuels
Métiers d'art

Des dunes, des buttes, des rochers ; de sable, d’eau, de neige ou de pelouse. Autant de formes et de matières pour signifier la maison dans les œuvres d’Alphiya Joncas. La maison non pas comme bâtiment ou comme enveloppe physique, mais plutôt comme entité psychique ; un espace symbolique. Comme un abri intangible où le calme peut s’étendre.

À travers son utilisation du texte et de la photographie, Alphiya Joncas déterre ce fil invisible qui nous raccroche au territoire, comme pour retrouver une trajectoire qui lierait nos différentes manières d’habiter. Dans une relation intime au paysage, l’artiste explore les reliefs d’un environnement en constante fluctuation. Elle évoque le caractère indubitable de l’espace comme refuge. L’impossible soustraction des éléments naturels aux tracés de nos corps, enchevêtrés aux saisons.

Sur ses photographies, l’artiste trace des contours, des géographies fictives qui donnent à l’imaginaire de nouveaux chemins pour se déployer. Si les vastes espaces insulaires visibles dans les images se répondent, ils ne nous donnent pas pour autant d’indice précis quant aux points cardinaux qui les ont vues naître. Les espaces ainsi représentés sont détachés de leur situation géographique réelle pour laisser leurs formes et leurs textures prendre la parole et nous dire, tout doucement, que ce sont eux qui nous guident.

Les œuvres d’Alphiya Joncas sont, pour elle, une façon de proclamer que nous appartenons au territoire. Derrière chaque rencontre avec le travail de l’artiste résonne un rappel subtil et sensible : que le sublime existe encore.

Texte écrit par Eve Laliberté dans le cadre Éclaireurs, une initiative du centre d’artistes VU. Éclaireurs propose la rencontre d’auteurs et d’artistes en art actuel du Québec autour de pratiques en relation avec le photographique. Cette initiative, en préparation depuis quelques temps, s’est concrétisée en réponse au contexte de la COVID-19 afin de rendre visible des parcours possibles entre les images.⠀