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Soutenir son milieu culturel en «consommant local»

Dans les dernières semaines, Arrimage vous a dressé un portrait de la saison culturelle estivale aux Îles-de-la-Madeleine par champs d’activité. Cette semaine, avant de partir pour nos vacances, on vous parle de l’importance de consommer la culture locale en période de pandémie, de l’impact de la mobilisation du public sur le milieu culturel et, plus largement, de la contribution des arts et de la culture à l’économie locale. On vous donne aussi quelques exemples d’actions à poser pour soutenir notre milieu culturel.

 

L’achat local, un concept qui s’applique aussi aux Arts et à la Culture
On a souvent tendance à penser que l’achat local ne concerne que les biens de consommation ou les produits du secteur agro-alimentaire. Le Fonds de solidarité FTQ décrit d’ailleurs le concept comme le fait de « favoriser l’achat de produits manufacturés et cultivés au Québec, faire ses achats dans des commerces indépendants du quartier ou préférer les entreprises québécoises aux grandes multinationales. » Par extension, cette définition s’applique aux objets utilitaires fabriqués par des artisan(e)s.

Cependant, la volonté de sortir les Arts et la Culture de la société de consommation (appeler une œuvre un « produit » ou un « objet » culturel, quelle horreur!) nie malheureusement les conditions matérielles dans lesquelles l’art est produit et diffusé. Les artistes ont souvent de la difficulté à faire reconnaître leur expertise, leur temps et leur matériel quand vient le temps de rentabiliser leur pratique artistique.

Évidemment, s’il s’agit d’un enjeu du milieu en temps normal, imaginez le défi que cela peut représenter en temps de pandémie. D’un côté, l’industrie se met rapidement en pause et les contrats s’annulent. De l’autre, la demande du public est plus élevée : une société en confinement aura tôt fait de se tourner vers les arts et la culture pour se divertir. L’artiste, qui ne peut pas compter sur les subventions dans les premiers mois de la pandémie pour soutenir sa pratique artistique, devient alors totalement dépendant du revenu que lui amène le public.

 

« On vit de notre relation avec le public »
Dans une entrevue donnée à l’émission 24h en 60 minutes au début du mois de juillet, le dramaturge Michel Marc Gagnon fait état des effets du contexte pandémique pour les arts de la scène en faisant référence au rapport produit par le Conseil québécois du théâtre.

À ce moment, le plan d’action du gouvernement provincial pour la relance du milieu culturel et des communications vient juste d’être annoncé (au mois de juin.) Il s’agit d’un des derniers secteurs à obtenir un plan de relance, de justesse avant l’été. Beaucoup d’intervenants et d’intervenantes dans le milieu culturel sont d’ailleurs dans l’incertitude à savoir s’ils et elles pourront compter sur la saison estivale pour engendrer les revenus nécessaires à leur survie et à leur fonctionnement.

Michel Marc Gagnon explique que beaucoup d’artistes du milieu des arts de la scène sont dépendants des contrats qui leur sont octroyés et que l’annulation des saisons de théâtre par exemple, place le milieu dans une situation extrêmement précaire. Il indique que la majeure partie des revenus des grandes institutions « provient de la billetterie et des campagnes de levée de fonds et non pas des subventions de l’État. » L’aide du gouvernement était alors demandée pour pallier à ce retrait du revenu qui provient du public.

Outre l’aspect économique de la présence du public en salle, Monsieur Gagnon faisait aussi mention du sentiment de partage avec celui-ci : « De dire qu’il va y avoir cinquante personnes à Wilfrid Pelletier, j’ai un peu de difficulté à imaginer quel genre de représentation et le feeling qu’on va avoir. » Depuis, la limite de personnes pour les rassemblements en salle est passée de cinquante à 250 personnes, mais encore faut-il avoir l’espace et les installations nécessaires pour respecter les mesures sanitaires à l’intérieur.

La présence, la mobilisation et la contribution financière du public, pour le milieu culturel et dans le cas précis des arts vivants, occupent une place clé au même titre que le soutien de l’État, parce qu’à quoi bon donner un spectacle dans une salle vide? À quoi bon exposer dans un musée ou une galerie où personne ne vient?

 

Quelques actions à poser pour soutenir son milieu culturel
Bien sûr, la situation n’est pas perdue. Depuis le tout début du confinement, les artistes font preuve d’une étonnante créativité pour continuer de pratiquer leur art tout en respectant les mesures sanitaires. Beaucoup se sont tourné(e)s vers les technologies numériques et sur les sites transactionnels pour faciliter la diffusion de leur travail et la contribution financière du public. La réouverture des commerces et des restaurants a même permis à certain(e)s artistes de recommencer à exposer leur travail, sans oublier la réouverture des salles de spectacles qui permettent à nos diffuseurs de tenir des représentations.

Sur la scène culturelle locale, on peut se féliciter, car les Îles ont encore ce bouillonnement culturel qui les anime quand arrive l’été. Vous pouvez d’ailleurs consulter le calendrier culturel d’Arrimage en tout temps pour connaître les différentes activités qui se déroulent sur l’Archipel.

Maintenant, vous souhaitez poser des petits gestes qui peuvent faire du chemin pour votre milieu culturel local? En arts et en culture, vous pouvez aussi « choisir les Îles » :

Déjà, lorsque vous avez besoin d’un objet utilitaire ou que vous avez envie de décoration ou de bijoux, pensez à faire le tour des artisans et artisanes des Îles et souvenez-vous : l’argent que vous mettez dans ces objets paie non seulement l’artiste pour son expertise, ses études, son temps et son équipement, mais également pour les matériaux utilisés, qui sont plus durables et de meilleure qualité. En achetant local, vous réduisez également le coût environnemental de production et de transport du produit. Eh oui, cela s’applique aussi aux métiers d’art ainsi qu’aux pièces d’artistes en arts visuels.

Ensuite, offrez des expériences : avec la réouverture des lieux d’exposition et de diffusion viennent des mesures supplémentaires pour s’assurer de la sécurité de tous et de toutes. Comme public, vous avez alors l’opportunité d’offrir et de partager des moments privilégiés à la rencontre des arts et de la culture. En réservant vos places et en vous présentant aux événements culturels, vous manifestez votre intérêt pour nos institutions et justifiez leur caractère essentiel à la vitalité de notre milieu.

Vous pouvez aussi supporter la scène musicale : en achetant les albums des groupes, musiciens et musiciennes des Îles, certainement, mais aussi en choisissant d’écouter la radio locale plutôt que votre service d’écoute de musique en continu. Vous supporterez ainsi des initiatives de nos diffuseurs locaux et des artistes de la relève musicale!

Vous souhaitez vous joindre à notre communauté culturelle? Pensez à prendre ou renouveler votre adhésion aux organismes culturels comme Arrimage : votre abonnement nous permet de poursuivre notre mission de faire s’épanouir et rayonner les arts et la culture des Îles-de-la-Madeleine. Il nous permet de poursuivre nos activités de représentation, de développement et de formation tout en restant la courroie de transmission entre les institutions politiques et le milieu culturel, une position qui est essentielle, surtout en contexte pandémique.

Finalement, vous pouvez vous mobiliser du confort de votre chez-vous, sans dépenser un sou. Sur les réseaux sociaux, donnez de la visibilité à vos artistes et à vos institutions préférées. Partagez vos expériences, aimez et commentez, abonnez-vous à leur page. C’est un tout petit geste, mais c’est par la force du nombre que vous permettrez à nos artistes locaux de se faire découvrir.

Nous ne le répéterons jamais assez : la présence du public dans le milieu des arts et de la culture est essentielle à sa survie. Il existe d’autres façons d’encourager le milieu culturel local, mais avec ces quelques exemples, vous avez certainement les outils nécessaires pour permettre aux artistes, aux artisan(e)s et aux organismes de réinvestir dans leur communauté et de « choisir les Îles » à leur tour.

Par Odile Dion-Achim, Agente de communication chez Arrimage

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